THE kitchen mémé - 続 隣の台所

Publié le par Emi Taya

Menuspropos.canalblog.com m'avait « invitée » à montrer ma cuisine. 

Planquée derrière mon ordi, je suis très à l'aise. Mais quand il s'agit de montrer un peu de mon vrai « moi », c'est une toute autre affaire.

« Montrez-nous votre cuisine ». Le ton est comminatoire! Tout de suite, mon orgueil s'est cabré et ma pudeur offusquée. En comparaison, quels détours nous empruntons, nous autres Japonaises pour en venir à l'objet de notre requête...

«Une photo !». Ca c'est comme sur les CV. Vous avez étalé vos diplômes, affiché votre expérience, et agrémenté le tout de quelques références. On vous imagine belle, savante et intelligente. Et voilà que vous devez montrer cette  terrible photo qui vous révèle tout entière.

« Dites-nous en quoi elle vous ressemble, cette cuisine». Moi, ressembler à une cuisine? Non mais!

Je n'y aurais jamais pensé à cette sorte de comparaison! Voilà qu'en plus, on recquérait une introspection! INTROSPECTION. Ce mot terrible évoque le docteur (barbe + blouse blanche, gros stéthoscope) penché sur votre inconscient mais aussi l' inspecteur des douanes qui inspecte vos bagages quand il vous a coincé à l'aéroport.

Je suis allée dans ma cuisine et j'ai tenté de comprendre en quoi je lui ressemblais, ou plutôt en quoi elle allait me trahir. J'ai étalé le contenu de toutes mes placards. Ensuite, telle le bibliophile qui classe ses livres mais replonge à chaque instant dans la lecture, moi, Fleur de sel, vidant strate par strate mes armoires,  je suis partie aux fins fonds de ma mémoire.

J'ai exhumé des ustensiles totalement oubliés. Le gaufrier! Ah mes filles qui rentraient de l'école, les joues rougies par le froid hivernal... Leur regard sur les gaufres chaudes et sucrées... Elles sont grandes maintenant, mes filles. Elles diraient simplement : « Ah, tu as fait des gaufres »

Une autre machine m'a ramenée à cette époque où je recourais sans cesse au dictionnaire pour comprendre les expressions françaises et les notices d'emploi... «Félicitations, vous venez d'acquérir un croque --- Croque? J'empoigne mon dico et je cherche le mot « croque », je vais au verbe « croquer », voir manger , mastiquer, mordre...

Je l'ai bien dû l'utiliser 3 ou 4 fois, cet appareil à croque-monsieur, et puis il a atterri là, tout au fond de ce placard.

Voilà, j'ai beaucoup rangé. N'imaginez pas que vous puissiez jamais voir ma cuisine dans cet état si vous débarquiez à l'improviste. D'ailleurs, j'ai horreur des situations improvisées! J'ai mis un temps fou à inculquer quelques principes pourtant tout simples à mon mari, par exemple d'annoncer un mois à l'avance les invitations qu'il fomente. Il m'a fallu des années pour lui supprimer les quelques amis qu'il osait encore ramener chez nous. Ah mais!

Bien et maintenant que vous en savez un peu plus sur les rapports que j'entretiens avec ce lieu, je vous invite à entrer dans ma misérable cuisine, (nous autres Japonaises, guindées dans notre code de politesse, sommes constamment obligées de nous rabaisser et de décrier tout ce qui nous appartient, mais gare à qui nous manque d'égard!). Voici donc le photo-montage que j'ai réalisé ce week-end:

どうぞ いらっしゃいませ。 Soyez les bienvenus. Dozo irashai masé!


La voici telle que je la vois quand j'y pénètre le matin. Enfin, quand je n'ai pas oublié de la ranger la veille!

Elle a beaucoup de portes et de fenêtres, elle est ouverte sur l'extérieur, elle est très claire. Je suis plutôt repliée sur moi-même, je chéris mes coins sombres et mes mystères. Elle est grande. Je me flattais de l'être aussi, ici en Europe, je suis banalement petite. Elle a des couleurs vives, je suis plutôt mélancolique!

    

Je ne sais pas jeter. Mes armoires et toute ma maison sont pleines de fatras. Si je me séparais d'un objet, je trahirais la personne qui me l'a offert.



Partout cohabitent mes objets japonais et européens, et d'autres encore, venus de tous les continents.C'est la même juxtaposition désordonnée que dans mon esprit.


Est-ce mon préféré? Je me refuse à dire tout haut cette sorte de secret d'amour. En plus, je suis sûre que les autres appareils simuleraient des pannes si je vous avouais que j'ai un préféré! Si j'ai choisi cette marmite, c'est qu'elle me rappelle les contes de mon enfance. « Table couvre-toi! Et la table se couvrit ». Et puis, j'aime le bavardage de son couvercle quand l'eau y boue et que le riz chaud répand son parfum suave.

Oui, j'ai un placard plein d'épices. Chaque pot, chaque bouteille, tout est maculé. Inmontrable. Je ne sais pas si vous avez un truc mais moi quand je cuisine, j'ai les mains dans la farine et les doigts pleins de sauce.

Surtout, ma véritable réserve est dans le jardin. Si vous regardez attentivement les photos des « posts » précédents, vous verrez des épices partout sur les plats que je prépare. J'ai, à profusion et presque toute l'année : romarin, laurier, sariette, serpolet, sauge, thym, thym citron, origan, fenouil, verveine, absinthe, menthes, et à la saison, ciboulette, coriandre, basilic, persil, céleri...



Idem, pas de casserole préférée. Le sultan ne désigne pas sa favorite. Ce serait la guerre dans le harem. Et moi, sultane sur mes terres, je pratique la même politique. Celles que je vous montre ici - cuisine à la vapeur et cuisson des pâtes - servent chacune à leur tour, une fois de temps en temps.

Mais ces casseroles ont une histoire intéressante. Si quelqu'un lit ces lignes du côté de Lausanne ou de Morges, il les reconnaitra et saura de quoi je parle.

Je termine ici. Je ne m'étais encore jamais autant exposée dans ma vie. En vérité, pour comprendre ma cuisine, il vaut mieux connaître mes recettes. Si toutefois vous voulez en voir encore plus, il y a quelques nouvelles images sur le lien « Photos grand format » dans la marge de gauche.

Pour en finir avec ce rite, il me reste à passer le relais.

ENVOI
Chère Choupette, si pleine d'esprit et de tact, accepterais-tu à nouveau d'être une guest-star sur un blog ami? Ou bien, ne serait-pas le moment idéal pour lancer ce blog perso qui est sur le feu depuis si longtemps?

Publié dans Meme - Blogomania & Co

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K
懐かしい恵美さんのお宅の台所。ヤギのチーズと葡萄が美味しかったのを思い出しデパートへ行ったところピラミッドが¥1300もしてびっくり、諦めました。私の台所の思い出は祖父母の家の台所。祖母は90歳を超えますが今だに台所にシャキッとたち、お赤飯、蓮と牛蒡のきんぴら、エビフライ、お漬物、その他食べきれないご馳走を用意して私たち孫を迎えてくれます。暖かな台所の記憶があるのはささやかですが幸せなことかも。
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L
Merci EMi d'avoir joué le jeu et d'avoir réussi à te "dévoiler" un peu !<br /> J'ai failli lancer un "tu es une tricheuse !" à la vue des photos, tellement ta cuisine semblait bien agréable et ressemblait plus à un salon qu'à une cuisine ! C'est claire, c'est beau...
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D
Bonjour Emi...<br /> Ca va moi aussi j'ai essayé de faire croire que j'ai une magnifique cuisine, pas la peine de nous refaire le coup... heuuuu tu veux dire que c'est vraiment la tienne là??? ha bon bon j'ai rien dit alors ;-)
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F
J'ai essayé d'initier mon mari aux joie de la dînette par terre, mais il est vraiment trop raide. Si je l'écoutais, il y aurait des divans romains dans la cuisine...
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E
Elle est superbe, ta cuisine!
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