Rideau - 恵美

Publié le par Emi

Dernier jour de février. Le printemps n'est plus très loin. Dans le jardin, les narcisses et les crocus pointent et les oiseaux ont ces roucoulades du fond de gorge qui annoncent les jours meilleurs.


Fleur de sel s'est rangée à nos raisons. Hier soir, nous avons longuement conversé sur Google Talk. Elle a entendu de la musique sunda et veut apprendre à chanter aussi bien qu'Ida Widawati. Pourquoi pas! Elle a une jolie voix cristalline et elle trouvera peut-être là sa vocation! De toute façon, elle est encore très jeune.


Quant à moi, je ne sais pas encore ce que je veux faire. Une chose est certaine, je dois réorganiser mes priorités. Le « food-blogging » a envahi toute ma vie, ma fille aînée me l'a dit plusieurs fois avec regret, la cadette avec amertume. J'avoue que bien souvent, les relations virtuelles ont pris le dessus sur les personnes qui vivent autour de moi. Je suis probablement plus à l'aise dans ces relations distanciées que dans les aléas d'une communication directe. Le docteur Suler a bien montré l'effet libérateur du cyberespace.


Le blog français m'a permis de rencontrer plus de personnes que 30 années de vie en France. C'était virtuel mais chaleureux. Je pense quotidiennement à chacune d'entre elles.


Une chose est certaine, je conserverai mon blog japonais. Vous n'imaginez pas comme les langues se rouillent quand on séjourne à l'étranger. Et qui dit « langue » dit « pensée ». Sans compter que pour nous autres Japonais, il y a aussi les milliers de signes que nous avons mémorisés tout au long de notre enfance pour pouvoir écrire et lire. Tout cela s'effrite, se dilue comme une fresque exposée au vent et à la pluie.


Mais il faut que je retrouve un peu de temps pour ma maison, mon jardin, mes livres, mes filles? Pourrais-je n'écrire qu'une fois par semaine? Ou par mois? ou uniquement pour les concours? Ma blogomania est si extrème que j'ignore si je suis capable de me limiter ainsi.

Garder le blog à portée de main, c'est vouloir vouloir renoncer au vin dans une cave de St-Emilion.


Pendant quelques temps, j'essaierai de ne plus aller vous voir, vous, toutes mes chères correspondantes. Cela sera vraiment très dur, car je pense à vous comme à ma famille. Mais la désintoxication est à ce prix.



Ma mère m'a appris qu'au moment d'un départ, il faut toujours remercier.

Alors mes remerciements vont à mes instruments de cuisine qui m'ont fidèlement assistés, à ma table de marbre où j'ai fait mes photos, à mon four tout déglingué mais efficace, à mes grands paniers d'osier que j'ai traînés sur tous les marchés de la Rochelle


Je dois aussi mentionner Balthazar, mon honorable mari. Au début, il m'a aidée honnêtement : il corrigeait mes textes français avec une patience angélique. Puis il s'est mis à les écrire, mais en restant assez fidèle à mes indications. Ensuite, cela s'est gâté. Son humour détestable a infiltré tous les textes et a perverti la totalité du blog. Je regrette infiniment son influence pernicieuse et je prie toute personne qu'il aurait pu blesser d'accepter mes plus humbles excuses. En ce qui concerne les torts qu'il m'a causés, je les lui pardonne. Nous avons passé quelques bons moments ensemble à imaginer l'avenir de Fleur de sel.


Un grand merci à mon appareil photo, à mon ordinateur, à OpenOffice, Picassa2, Firefox, Stumbleupon et autres gratuiciels ainsi qu'à Over-blog, ma plate-forme de blog qui n'a pas cessée de s'améliorer pendant que je l'utilisais.


Enfin un remerciement spécial à mes filles pour leur compréhension et patience. Au tout début, j'écrivais uniquement pour elles, mais dès que j'ai eu un petit public extérieur, je les ai négligées. Elles m'ont assurée qu'elles ne m'en tenaient pas rigueur.


Ne me dites ni adieu, ni au revoir.

Balthazar, Fleur de sel ou Francesco ont goûté aux joies du blog. L'un d'eux ou bien moi risque de céder à la tentation d'entr'ouvrir le rideau dans quelques temps. Peut-être à l'automne lorsque les journées redeviendront mornes.


Alors, so long!



Publié dans Le tour du monde

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G
Alors, c'est presque l'été déjà, et tu n'es toujours pas revenue.
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G
Bonne fête des mères Emi.
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L
Coucou Fleur de Sel, Je vais peut-être me mettre au japonais !
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T
Ce n'est qu'un au revoir mes soeurs ;o)Et bien profite de ton jardin, de ton Japon - qui me manque aussi même si je ne suis pas japonaise - de tes kanji retrouvés et de tes proches...de La Vie Réelle.Hélas jene lis pas assez bien le japonais pour suivre ton blog nippon mais qui sait, peut-être y arriverais-je à force d'insister ;o)So long my friend.GoodBye, Adieu
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G
Tu vois, je ne m' attendais presque pas à une réponse. Je suis contente que tu sois encore là pour tes lecteurs. Je ne sais pas non plus où je vais avec ce blog, il prend quelquefois des directions inattendues, mais l'essentiel c'est de ne pas trop se prendre au sérieux et surtout d'y prendre plaisir. J'avais grand plaisir à lire tes textes et à voyager avec Fleur de Sel, et tu sais bien que je n'étais pas la seule. Prends ton temps Emi, mais saches que nous t'attendons.
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